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Date(s) - 1 février 2019
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APPEL DE COMMUNICATIONS COLLOQUE DE L’ARQ / 87E CONGRÈS DE L’ACFAS

Université du Québec en Outaouais (UQO), Gatineau, Canada

Dates du colloque : lundi 27 mai et mardi 28 mai 2019

Sensorialité, émotion et esthétique en recherche qualitative : la participation des acteurs dans la production, l’analyse et la diffusion de ces connaissances

Ce colloque, organisé par l’Association pour la recherche qualitative (ARQ) en collaboration avec le Groupe de recherche sur la pratique de la stratégie (GÉPS HEC Montréal – http://geps.hec.ca/), vise à réfléchir sur les méthodologies qualitatives déployées pour comprendre les dimensions ou modalités sensorielles, émotionnelles et esthétiques de la pratique, soit la manière dont les êtres humains utilisent leurs connaissances pour accomplir leurs activités. Une attention particulière sera portée aux diverses manières et méthodes par lesquelles les acteurs, qu’il s’agisse des sujets de recherche, des professionnels ou encore des experts, des partenaires et des activistes qui les entourent, participent à la recherche qualitative portant sur ces modalités de la pratique. Les propositions soumises devront s’inscrire dans un des deux axes présentés ci-dessous et reposer sur des données empiriques :

Axe #1 : La production et l’analyse des connaissances sensorielles, émotionnelles et esthétiques par et avec les acteurs de la recherche
Axe #2 : Le partage et la diffusion des connaissances sensorielles, émotionnelles et esthétiques produites par et avec les acteurs de la recherche

Le colloque sera une occasion privilégiée pour réfléchir aux enjeux méthodologiques que les dimensions sensorielles, émotionnelles et esthétiques de la pratique posent aux chercheurs et à leurs collaborateurs.

Mise en contexte :

Dans les dernières années, plusieurs champs de recherche ont agrandi leurs territoires en intégrant des dimensions fondamentales de la pratique qui prennent vie à travers le corps et qu’on ne peut pas toujours verbaliser ou identifier clairement (Le Breton, 2006; Pink, 2015). C’est le cas notamment de la multisensorialité de l’expérience, des émotions et de l’esthétique. Alors que ces thématiques étaient une préoccupation importante des sciences sociales britanniques et françaises au début du siècle dernier (Simmel, 1991 [1912] ; Mauss, 1936, Merleau-Ponty, 1945), elles connaissent un regain d’intérêt au tournant du XXe siècle, et sont abordées sous l’angle de la construction sociale. Ces modalités de la pratique et de l’expérience posent des défis majeurs en recherche qualitative, car il s’agit de saisir ce dont on ne parle pas normalement, ce qui est invisible et imprévu; bref, ce dont on ne pense pas utile de tenir compte ou de mentionner et qui est généralement « ressenti » plutôt que verbalisé. Or, ces dimensions ou modalités de la pratique ont de plus en plus de résonnance tant dans les connaissances disciplinaires qu’appliquées. Dans la dernière décennie, les recherches impliquant la sensorialité, les émotions et l’esthétique ont connu un intérêt croissant dans les sciences sociales et humaines que sont, par exemple, la sociologie (Goodwin, 2001; Howes, 2003; Howes et Classen, 2013; Vannini, Waskul et Gottschalk, 2013), l’anthropologie (Gélard, 2016; Ingold et Howes, 2011), la géographie (Bender, 2002; Davidson et Milligan, 2004) et dans les champs interdisciplinaires comme l’éducation (Filliettaz, 2007; Filliettaz, De Saint-George et Duc, 2008), la santé (Le Breton, 2011; Lupton, 2017), la gestion (Strati, 2007; Nicolini, 2007), la communication (Moriceau, 2016; Grosjean, 2014; 2016), le design et les arts (Stigliani et Ravasi, 2018).

D’abord, la sensorialité de l’expérience renvoie à l’idée que le monde social est non seulement construit, mais il est aussi vécu à travers les sens. C’est par le biais de l’articulation des 5 sens (vue, ouïe, odorat, goût, toucher) que les êtres humains construisent la réalité qui les entoure. Les usages sensoriels comme la vue d’un objet (Endrissat, Islam, Noppeney, 2016) ou la senteur d’une ville (Rhys-Taylor, 2013), l’écoute distribuée (Licoppe, 2008), le « toucher soignant » (Le Breton, 2011), ou encore l’expérience gustative (De Swardt, 2015) renvoient à un ensemble de connaissances tacites qui sont mobilisées quotidiennement dans divers mondes sociaux.

Ensuite, la sensorialité s’avère être en quelque sorte « le chemin des émotions » (Bernion, 2016), soit à la manière dont les êtres humains d’un même groupe perçoivent et éprouvent ce qu’ils ressentent dans leurs rencontres avec les autres (Béal et Perea, 2016). Elles sont le reflet de diverses significations et valeurs en même temps qu’elles sont le moteur de l’action. Les notions de « travail émotionnel » (Hochschild, 2003) ou de « compétences émotionnelles » (Mikolajczak, 2014) permettent de mieux comprendre comment les émotions sont à la fois régulées et utilisées dans la pratique.

Finalement, l’expérience esthétique s’adresse à l’être humain via son corps, ses sens et ses émotions en même temps qu’elle les dépasse (Moriceau, 2016). Il s’agit en fait d’une forme de connaissance ou de réponse sensorielle et émotive aux événements permettant aux individus de s’engager dans l’action ou d’apprendre (Strati, 2007). Cette connaissance esthétique est souvent médiatisée via des objets matériels tels dessins, paysages ou autres (Stagliani et Ravasi, 2018; Strati, 2003; Ewenstein et Whyte, 2007).

Axes thématiques

Sur le plan méthodologique, la démarche ethnographique ou la description fine a été jusqu’à maintenant l’approche la plus appropriée pour recueillir des données sur les modalités sensorielles, émotionnelles et esthétiques de la pratique des individus, des groupes ou des collectivités (Pink, 2015). Néanmoins, les technologies digitales (ex. : site de réseautage social, appareils mobiles et portables), et vidéographiques offrent de nouvelles possibilités en même temps qu’elles posent des défis méthodologiques pour renouveler la recherche dans ces domaines (Béal et Perera, 2016; Toraldo, Islam, Mangia, 2018; Warren, 2008; Paterson et Glass, 2018). Par ailleurs, l’émergence de nouveaux espaces collaboratifs (Makerspace, FabLab, Hackerspace) renouvelle les modes de production de connaissances et d’innovations (technologiques ou sociales) en engageant les acteurs de la société civile (Von Hippel, 2005; Lallement, 2015). Ces espaces collaboratifs sont aussi des lieux de production de connaissances sensorielles, émotionnelles et esthétiques (ex. : espace de co-design, design participatif, FabLab) qui sont de plus en plus étudiés par les chercheurs (Cléach, Deruelle, Metzger, 2015; Bosqué, 2015). Au-delà de ces contributions, peu de choses ont été faites relativement à la manière dont les acteurs, qu’il s’agisse des sujets de recherche, des professionnels ou encore des experts, des partenaires et des activistes qui s’impliquent dans divers milieux de recherche, participent à la production, l’analyse et la diffusion de données relatives aux modalités sensorielles, émotionnelles et esthétiques de la pratique. Ce sont ces aspects que nous explorerons dans ce colloque en proposant une réflexion méthodologique autour de deux axes.

Axe I : La production et l’analyse des connaissances sensorielles, émotionnelles ou esthétiques par et avec les acteurs de la recherche

Une multitude de données peuvent être utilisées qu’il s’agisse du langage, des artefacts, de la décoration du corps et des objets, des médias de communication, des rituels, etc. Cet axe a pour but d’aborder diverses questions méthodologiques relatives aux stratégies de recherche déployées par les chercheurs et leurs collaborateurs dans la collecte et l’analyse des données.

Quelles données utilise-t-on pour comprendre comment la sensorialité, l’émotion ou l’esthétique sont mobilisées par les acteurs dans l’accomplissement de leurs activités? Comment les acteurs et les collaborateurs parlent de leurs relations, de leur travail, de leur identité, de leur maladie, de leur art en termes d’expériences sensorielles, émotionnelles et esthétiques? Comment les nouveaux médias numériques peuvent-ils contribuer à produire ce type de connaissances? Comment cible-t-on les acteurs et les collaborateurs dans le choix d’un terrain, d’une méthode pour faire émerger les connaissances sensorielles, émotionnelles ou esthétiques? Comment les implique-t-on dans un projet de recherche au cours duquel ils peuvent être amenés à produire eux-mêmes ce type de connaissances?

Par ailleurs, l’importance des connaissances sensorielles, émotionnelles ou esthétiques apparaît souvent durant la conduite de la recherche ou encore après coup durant la classification et le codage des données. En ce sens, l’analyse de ces données est le résultat d’un processus à la fois intuitif et réflexif, mais la plupart du temps désordonné (Pink, 2015).

Comment le chercheur et ses collaborateurs expérimentent la sensorialité, les émotions et l’esthétique des données? Comment travailler avec les catégories discursives évoquant ces dimensions de la pratique qui sont produites par et avec les acteurs de la recherche? Comment le travail d’équipe peut-il faciliter l’analyse des données sensorielles, émotionnelles ou esthétiques? Quand entrer en dialogue avec la théorie dans l’analyse de ce type de données?

Axe II : Le partage et la diffusion des connaissances sensorielles, émotionnelles ou esthétiques produites par et avec les acteurs de la recherche

Au-delà de la forme textuelle (écrit ethnographique), d’autres médias peuvent être utilisés pour communiquer, voir « performer » la complexité des expériences sensorielles, émotionnelles et esthétiques du chercheur et de ses collaborateurs (Moriceau, 2016). C’est le cas notamment du film (MacDougall, 2005) ou des photographies (Warren, 2012). Cependant, l’enjeu du partage et de la diffusion de ces connaissances souvent difficilement matérialisables (via des textes) reste un défi pour les chercheurs.

Comment rendre partageables ces connaissances sensorielles, émotionnelles et esthétiques afin de permettre leur diffusion et discussion au sein de la communauté scientifique et de la société civile? Quels sont les défis relatifs à la publication de travaux qualitatifs sur la sensorialité, les émotions et l’esthétique? Doit-on impliquer les acteurs de la recherche dans la diffusion de ces connaissances? Si oui, quelle forme peut prendre leur participation dans la diffusion et le partage de ces connaissances? Que devrait-on savoir lorsqu’on veut inclure des photos, des vidéos, des performances artistiques dans les articles scientifiques ? Comment engager les partenaires de la recherche dans l’exploration de nouvelles formes de diffusion mettant en évidence les modalités de la pratique que sont la sensorialité, les émotions ou l’esthétique ? Quels sont les enjeux éthiques et légaux rencontrés lors de la diffusion des recherches portant sur la sensorialité, les émotions et l’esthétique?

Dates et consignes importantes

Les propositions de communication doivent être déposées d’ici le 1er février 2019 et envoyées par courriel aux deux responsables du colloque :

• Linda Rouleau, professeure titulaire, HEC Montréal, linda.rouleau@hec.ca
• Sylvie Grosjean, professeure titulaire, Département de communication, Université d’Ottawa, sylvie.grosjean@uottawa.ca

En plus du titre de la communication, le nom, l’affiliation et les coordonnées du présentateur, ainsi que les noms et affiliations des coauteurs, doivent être clairement inscrits.

La proposition doit indiquer dans lequel des deux axes la communication s’inscrit et doit mettre clairement l’accent sur la dimension méthodologique de l’étude.

Les critères d’évaluation des propositions soumises seront les suivants :

1) Présentation claire de la problématique de recherche (problématisation en lien avec la thématique du colloque)

2) Pertinence du cadre conceptuel et des références mobilisées (cadrage théorique et références mobilisées en lien avec la thématique du colloque)

3) Présentation détaillée de la méthodologie mise en œuvre (approches qualitatives privilégiées, justifications, données collectées, analyse, etc.). Apporter une contribution méthodologique significative en lien avec la thématique du colloque.

4) Principaux résultats et discussion en lien avec la thématique du colloque.

Le résumé doit comporter un maximum de 1500 caractères (espaces compris) et prendre appui sur une recherche qualitative en lien directe avec la thématique du colloque.

Responsables du colloque :

Pour toute information complémentaire, il est possible de contacter les responsables du colloque par courriel.

Linda Rouleau, professeure titulaire, HEC Montréal, linda.rouleau@hec.ca
Sylvie Grosjean, professeure titulaire, Département de communication, Université d’Ottawa, sylvie.grosjean@uottawa.ca

Références et informations supplémentaires sur le site de l’ARQ (Association pour la Recherche Qualitative)